Clairvoyante
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L’acidité du regard, la faculté d’aiguiser un regard sans complaisance, un regard critique, tout à la fois cruel et lumineux, c’est ce que j’appelle la clairvoyance. En tant que sculpteur il me faut lutter sans cesse contre mon aveuglement, contre ma maladresse à regarder, contre mon ignorance. Je cherche désespérément à aiguiser mon regard. Pour sculpter il faut parvenir tout à la fois à poser un regard critique sur son propre travail et aussi « voir par delà », « perce-voir » ce qui est en germe, les directions vers lesquelles chercher. La clair-voyance c’est ce que devrait chercher tout artiste, tout poète, tout philosophe, tout scientifique, tout un chacun. Cette « Clairvoyante est une représentation d’Athéna, tout à la fois déesse de la philosophie et de la guerre. Cette Clairvoyante incarne ainsi l’effort même de voir, l’effort de penser qui m’a conduit à la réaliser.
Les artistes de la Renaissance me mettent en effet face à mon aveuglement, face au défi de leur extraordinaire clairvoyance. La Renaissance nous met face à l’immensité de notre aveuglement, elle pose un regard critique sur notre époque et nous porte à nous interroger sur l’héritage lumineux de l’antiquité. Bien sûr, il ne s’agit pas d’idolâtrer le passer, prétendre retourner en arrière ou se figer dans un classicisme idéal, mais simplement d’aiguiser son regard au contact d’une clairvoyance passée, il s’agit simplement de ne pas perdre le fil d’une clairvoyance, et c’est un projet de civilisation…
J’ai réalisé cette sculpture lors de mon dernier voyage en Italie, nourri de la rigueur, de la science et de la volupté de cette Renaissance italienne qui ne cesse de m’émerveiller.
Sculpture exposée actuellement Galerie Bréhéret à Paris
