La cire directe
Mes sculptures sont des cires directes, autrement dit, j’utilise la technique de « la cire perdue » travaillant directement la cire, sans passer par un plâtre ou d’autres matériaux.
La cire permet un travail extrêmement précis, comme la peinture à l’huile, elle permet de travailler longtemps, reprendre son ouvrage jusqu’à ce que l’on en soit sastisfait. Par ailleurs, contrairement à l’argile qui est très liée à la pesanteur, la cire est aérienne, elle permet des formes d’une très grande légèreté. En effet, on peut incorporer à la sculpture, une structure en cuivre, en laiton, en bois, en osier etc. L’inclusion de matières dans la cire, lui donne une « histoire »: chaque matière a ses spécificités, sa résistance, son identité, une complexité qui lui est propre et qui exprime un caractère imprévu, c’est à dire de la vie. Cette technique est assez rare, elle utilisée par Jeanne Bouchart, l’une des plus brillantes sculptrice contemporaine.
Il est difficile aujourd’hui de trouver de la cire de bonne qualité. Il y a une vingtaine d’années ou pouvait trouver une « cire de sculpteur », brune, extrêmemnt précise, ni trop molle,ni trop dure, avec un toucher, des possibilités de modelé que l’on ne retrouve plus aujourd’hui. La plupart de cires que l’on trouve sur le marché, sont désormais réalisées de manière synthétique, leur coût est faible mais la qualité est pitoyable, elles n’offrent aucune intelligence à la main ni à l’outil. Pour ma part, je fabrique donc ma cire. Il suffit de prendre de la cire d’abeilles, et d’effectuer des mélanges avec d’autres matériaux pour trouver la texture et la consistance qui répondent à ce que l’on cherche. Pour des raisons que je ne m’explique pas, certaines »cires d’abeilles » que l’on trouve en paillettes, sont très médiocres. Il vaut mieux demander de la cire à un apiculteur, ça peut être une belle rencontre, et la cire fleurera bon le miel. Je mélange ma cire avec du pigment noir pour qu’elle trouve une opacité, et accroche ainsi la lumière, ce qui est absolument nécessaire pour voir ce que l’on fait, la cire est en effet un matériau légèrement translucide, et cette luminosité, en particulier avec les cires « microcristlaines » gomme littéralement toutes les ombres, il devient pratiquement impossible de lire un volume. Le pigment doit être adapté à la fonte, (il doit pouvoir être évacué ou brûler), je pense qu’un noir de vigne naturel fait convenablement l’affaire. On peut ajouter également de la colophane pour durcir la cire, qui se tient alors beaucoup mieux, et va mieux accrocher, mais le mélange se fait à une température légèrement plus élevée. On peut aussi ajouter de la cire végétale de carnauba, que l’on peut se procurer par exemple chez Esprit composite, la cire deviendra plus dure mais aussi plus cassante. Une cire très dure est d’autant plus précise à travailler, il ne s’agit plus alors de modeler une forme mais plutôt de la sculpter à proprement parler, avec la possibilité toutefois d’ajouter de la matière à loisir. Enfin un peu de « Baume de Venise » peut donner de la souplesse et « du tirant » à la cire.