Alberto
Cette sculpture est un hommage à Alberto Giacometti.
Lorsque des gens voient mon travail ils pensent souvent à Alberto Giacometti. C’est un peu agaçant car dans le fond je subis bien d’autres influences : celles de Germaine Richier d’Edmond Moirignot, de Carpeau etc. c’est à dire de toute une école française qui ne se limite pas à Giacometti mais dont il est le représentant le plus illustre. Ma sculpture est très influencée aussi par et surtout la sculpture antique. Mais lorsque l’on se pose les mêmes questions on parvient souvent à des réponses assez proches. Le questionnements artistiques et philosophiques qu’expriment l’œuvre d’Alberto Giacometti est un héritage difficile dont peu d’artistes osent s’emparer, il me semble pourtant essentiel. Ce retour à une figuration, cette recherche d’un regard sur notre humanité, un regard qui se serait émancipé de toute considérations religieuses, de toutes croyances, un regard lucide sans illusion sur notre humaine condition, me semble être toupours d’actualité. Ma proximité avec cette figures majeures de la sculpture peut être considérée comme un plagiat. Est-ce le cas? Je crois que l’idée d’un artiste qui serait le génie créateur de son œuvre est une croyance teinté de traditions religieuses, beaucoup plus humblement je considère que toute œuvre se situe à la croisée des chemins, y compris les œuvres des frères Giacometti.C’est de de la rencontre entre les cultures, du choc entre les héritages et les influences multiples que naissent les grandes œuvres. La question pour moi n’est donc pas de m’émanciper de l’héritage de Giacometti, mais plutôt de parvenir à en être à la hauteur. La reconnaissance des œuvres du passé, la manière dont on honore ce qui nous a été transmis , est une question qui va à contre-courant de l’idéologie progressiste, cette vénération de l’éternelle nouveauté qui nous contraint à l’errance d’une pensée sans mémoire.
Cette sculpture est une manière de reconnaitre une filiation, l’assumer avec toutes les questions que cela pose.