Invocation
Dans la suite de la série des Osiers, cette sculpture s’adresse au spectateur auquel elle tend une feuille. Mais au delà du spectateur c’est au monde qu’elle tend cette feuille dans une sorte de prière, un appel, un appel à la vie.
Cette sculpture poursuit la démarche de l’Offrande: en regard à l’Egypte ancienne, quel pourrait être une spiritualité contemporaine, quelles questions nous posent ces statues qui sortent de l’obscurité des tombes, que nous disent-elles et quelles réponses leur apporter? Les civilisations disparues interrogent la nôtre, on peut faire semblant de ne rien entendre et ne rien répondre. Il n’empêche que ces visages empreints d’un idéal et d’une sagesse qui nous échappe, ces hommes et ces femmes du passé nous révèlent en creux les manques et les vides de notre civilisation contemporaine. La prière dans son essence est une invocation, invocation à des dieux, des esprits. On peut en rire, se dire que ces croyances d’un autre âge sont dépassées, ou bien tenter d’en comprendre l’essence, la profondeur. Peut être que l’invocation, l’offrande, le sentiment d’émerveillement ou d’effroi devant l’univers infini, l’humilité et la reconaissance face à cette vie qui nous est donnée, tout cela n’est pas si naïf et dépassé que l’on pourrait le croire. Peut-être que par delà la singularité des croyances et des philosophies, nous éprouvons tous une même reconnaissance pour cette vie qui nous habite, cette vie qui habite les êtres, une même inquiétude aussi? Peut-être que c’est là la source de toute spiritualité et qu’il nous revient à nous aussi de nous poser ces questions? Peut-être qu’il nous faut descendre du piédestal d’une civilisation que nous croyons toute puissante, une civilisation qui est certainement aussi périssable que toute autre, pour regarder le monde avec humilité et invoquer avec reconnaissance cette vie nous est donnée?
Photographies, Mustapha Azéroual.
Sculpture VINCENT